Discrimination positive "à la française"

Publié le par Gérald Alexandre Roffat

« Le plus souvent, les adversaires de la "discrimination positive" estiment que l'expression même suffit à discréditer les politiques qu'elle désigne, tandis que les partisans de ces politiques protestent contre l'appellation et se lancent à la recherche d'euphémismes tous plus creux les uns que les autres... » Daniel Sabbagh

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-745189@51-745275,0.html

Je vous invite à lire l’interview complète. Voici, quelques extraits :

« Certains assimilent toujours la discrimination positive à des quotas...

C'est un raccourci abusif, y compris et surtout dans le cas américain. Le quota prévoit un pourcentage à atteindre de membres des groupes désignés, sous peine de sanction automatique. Mais ce n'est qu'une modalité d'action parmi d'autres, et certainement pas la plus fréquente. Aux Etats-Unis, les quotas dans les universités ont été rejetés par la Cour suprême dès 1978. […] »

« De ce point de vue, l'exemple américain semble surtout servir de repoussoir...

C'est vrai. Et pourtant on observe actuellement une réelle convergence, tant au niveau des arguments mobilisés pour justifier les politiques - la rhétorique de la "diversité", par exemple, est directement importée des Etats-Unis - que des politiques elles-mêmes. Dans des Etats comme la Californie, le Texas et la Floride, des dispositifs fondés sur un critère essentiellement géographique, et donc semblable à la discrimination positive "à la française", sont venus se substituer à l'affirmative action lorsque celle-ci a été supprimée dans la seconde moitié des années 1990. Ils consistent à réserver aux meilleurs élèves de chaque lycée des places dans les universités publiques de l'Etat où ils résident.

Vu l'ampleur de la ségrégation scolaire, le nombre de lycées dont pratiquement tous les élèves - y compris les meilleurs - sont noirs ou hispaniques est suffisamment élevé pour que l'on puisse ainsi enrayer le déclin du nombre d'étudiants issus de ces deux groupes, déclin lui-même provoqué par la suppression de l'affirmative action. C'est ce nouveau dispositif que certains préconisent aujourd'hui en France. Il est vrai qu'il est plus facile de s'inspirer de ce qui nous ressemble déjà. »

Si la discrimination positive « à la française » consiste désormais à réserver « aux meilleurs élèves de chaque lycée des places dans les universités publiques de l'Etat où ils résident » et qu’on arrête de parler de quotas ethniques ou religieux, on avance dans le bon sens. Contrairement à ce qui se passe à Sciences-Po, je pense qu’on doit proposer un système d’admission unique, quel qu’il soit. http://recrutement.over-blog.com/article-1914613-6.html

Sur un autre site : « Compte tenu des inégalités croissantes en France, de nombreuses voix s’élèvent pour appliquer un système de discrimination positive comme cela se fait depuis longtemps aux Etats-Unis.

Pour Thomas Piketty, économiste, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), outre-Atlantique, ces dispositifs d'admission préférentielle dans les universités sont essentiellement basés sur des critères ethniques. Selon le chercheur, le débat français s’oriente davantage vers une discrimination positive sur des bases territoriales. Il s’agit d’offrir des admissions préférentielles à des élèves issus de ZEP dans des formations élitistes.

Mais cela n’est pas sans poser des problèmes de favoritisme. Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS propose ainsi d'admettre en classes préparatoires les 7 à 8 % des meilleurs élèves de tous les lycées, y compris ceux de ZEP. Selon lui, cela pourrait avoir un effet fort sur la mixité sociale. Des parents calculateurs pourraient alors vouloir mettre leurs enfants en ZEP pour qu’ils puissent bénéficier de ces admissions. Selon le chercheur, cela pourrait contrebalancer largement les effets pervers de la discrimination positive.
Source Le Monde » Source

Pourquoi ne pas prendre 100% des meilleurs élèves de tous les lycées, y compris ceux de ZEP ? On attribuerait une place aux premiers de chaque lycée puis on répartirait le reste des places sur concours. Si on a pas assez de places. La sélection peut se faire plus tôt, au collège, pour accéder à des pré-classes préparatoires. Je pense qu’on peut s’inspirer du monde sportif en matière de détection et de sélection des talents, en faisant évidemment attention à ne pas tomber dans ses travers. Tout est dans la mesure.

Daniel Sabbagh, sur l’entreprise :  « Enfin, il n'y a pas au Royaume-Uni de traitement préférentiel des candidats en fonction de leur identité ethnique à l'étape de la sélection. Les entreprises - et, depuis 2000, les employeurs du secteur public - s'efforcent simplement de susciter davantage de candidatures des membres des minorités, et elles sont plus généralement incitées à faire le maximum pour éradiquer les pratiques qui relèvent de la "discrimination indirecte" à leur encontre. La distinction est ténue, mais pas sans importance. »

Cette approche me paraît acceptable et respectueuse de nos valeurs.

Dans son interview, Daniel Sabbagh s’exprime sur l’école et l’entreprise. Il me paraît opportun de distinguer le problème lié au manque de mixité sociale dans les grandes écoles de celui des discriminations à l’embauche.

Ces deux problèmes sont, à mon sens, évidemment liés à la question de la reproduction des élites et de la mobilité sociale. Pour autant, évoquer ces deux questions en même temps peut prêter à confusion. Le film de Yamina Benguigui, « Le plafond de verre, les défricheurs », nous rappelait récemment que les discriminations ethniques à l’embauche ne touchent pas que des jeunes d’origine étrangère en difficultés, comme pouvait le laisser penser l’irruption de la question des discriminations à l’embauche dans les violences urbaines. Ce n’est pas parce qu’on aura une meilleure mixité sociale à la sortie des études qu’on aura automatiquement moins de discriminations à l’embauche.

http://recrutement.over-blog.com/article-1603640-6.html#anchorComment

http://recrutement.over-blog.com/article-1159174.html

Nous avons des talents en banlieue et ailleurs, je suggère de les détecter à différentes étapes de la vie (Nous n’avons pas le même rythme de développement personnel). Une fois détecté, ils faut mettre les moyens pour développer ces talents puis les employer au mieux de leurs capacités. C’est ma vision.

Publié dans Orange

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